Quand j’ai reçu l’invitation au festival du livre en Bretagne, je me suis dit : « Tiens Vorgium ! »
Et j’ai ri. Parce que – rien à faire – je connais mieux les villes des temps anciens que celles d’aujourd’hui. Pour ses habitants, bien sûr, une ville est celle qu’ils connaissent, qu’ils se sont appropriée, même s’ils la voient différemment selon qu’ils ont vingt ans, cinquante ou cent ans. Pour moi, l’important est l’histoire qui les a faites telles qu’elles sont aujourd’hui.
D’ailleurs, j’ai situé ici, à Vorgium, un épisode de ma série La Tribu de Celtill, qui vient de sortir chez Coop-Breizh.
Tiens ! Voilà ma passerelle pour parler du thème du salon : la jeunesse.
On connaît tous, n’est-ce pas ? Parce qu’on l’a tous été, enfants – sans compter que beaucoup le restent toute leur vie. Et nous savons tous l’importance qu’ont eu nos premières lectures. Nous nous rappelons un livre qui nous a marqué, un auteur qui a peut-être décidé de notre vocation, ou qui nous a ouvert les yeux sur un ailleurs.
C’est cet ailleurs qu’offre la littérature jeunesse, cette matière à réflexion, cette approche de l’autre, cette découverte de mondes différents, d’autres façons de penser, ou simplement la redécouverte de notre propre monde par des voies qui ne sont pas celles que nous suivons d’habitude, et qui peuvent nous aider à mieux appréhender notre propre vie.
La littérature jeunesse est aussi témoin de son temps, et elle a beaucoup changé depuis ma propre enfance. On y trouve des textes de grande qualité, qui feront des lecteurs critiques et exigeants et où, du jeune à l’adulte, chacun peut trouver son compte – contrairement aux idées reçues des adultes qui s’imaginent que ce n’est pas « pour eux ».
Il y a… un petit moment que j’ai commencé à écrire, et mes tous premiers lecteurs sont aujourd’hui parents, voire grands-parents. Ils viennent me voir sur les salons pour me dire qu’ils se souviennent de tel ou tel roman, que c’est à cause de celui-ci qu’ils ont pris le goût de la lecture, sont devenus bibliothécaire, professeurs d’histoire ou de littérature, archéologue… Et je me rends compte de la responsabilité des auteurs, que je n’avais pas mesurée auparavant. Ça fait presque peur.
En même temps, cela fait mesurer l’importance d’ouvrir les esprits au monde, de faire réfléchir, de partager un imaginaire qui permet au lecteur de développer le sien, pour contribuer à faire, des nouvelles générations, des êtres pensants, mieux armés pour la vie, et bien sûr des lecteurs, qui continueront sur les chemins de découverte.
Évelyne Brisou-Pellen
Évelyne Brisou-Pellen est née en Bretagne, une terre de légendes. Et ce qu’elle aime, c’est raconter des histoires, imaginer la vie qui aurait pu être la sienne si elle avait vécu en d’autres temps, sous d’autres cieux. Des histoires qui font rire, qui font peur, qui émeuvent, qui donnent à réfléchir. Des mondes nouveaux, d’autres temps, d’autres pays. Des drames et des bouffonneries, des voyages et des énigmes, pour les grands et les petits. Ses romans sont publiés chez Bayard, Gallimard, Hachette, Rageot, Nathan, Pocket, Milan, Casterman, Flammarion, Beluga-Coop Breizh, Belin, Didier, Scrinéo… Ils se déroulent tout près de nous aussi bien qu’en Égypte, chez les Indiens ou en Russie, en Grèce ou en Chine, en métropole ou dans les Antilles, à toutes les époques, depuis la préhistoire jusqu’à nos jours.