Le dimanche 27, le Festival du livre organise un débat à 15 heures, au Cinéma Le Grand Bleu, avec comme fil conducteur ou comme base de départ de la discussion ce thème un peu provocateur : « La France, avec son « exception culturelle », est-elle euro-compatible ? »
Nous sommes convaincus que les réflexions et les analyses sur « le communautarisme » de Georges-Louis Tin sont de nature à éclairer ce débat. C’est pourquoi nous l’avons invité à prendre part à cette rencontre. Il nous semble en effet que dans « l’exception culturelle » française défendue parfois bec et ongles – en fait une défense de l’industrie française de la musique et du cinéma face aux géant américain – se glisse trop souvent et insidieusement un refus tenace du droit à la différence et à l’émancipation dans l’Hexagone, le plus souvent justifié, même au plus haut niveau de l’Etat, par un anti-communautarisme réducteur dont nous autres Bretons ne connaissons que trop bien la rhétorique. Un anti-communautarisme qui devient ubuesque lorsque la France signe des traités, européens ou au niveau mondial, et se refuse de les appliquer sur son propre territoire au nom de « l’unicité de la République », comme c’est le cas par exemple pour la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.
Faut-il croire Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature 2010 lorsqu’il écrit : « La chose la plus importante que j’ai apprise est que les cultures n’ont pas besoin d’être protégées par les bureaucrates et les forces de police, ou placées derrière des barreaux, ou isolées du reste du monde par des barrières douanières pour survivre et rester vigoureuses. Elles doivent vivre à l’air libre, être exposées aux comparaisons constantes avec d’autres cultures qui les renouvellent et les enrichissent, leur permettant de se développer et de s’adapter au flot constant de la vie. La menace qui pèse sur Flaubert et Debussy ne vient pas des dinosaures de Jurassic Park mais de la bande de petits démagogues et chauvinistes qui parlent de la culture française comme s’il s’agissait d’une momie qui ne peut être retirée de sa chambre parce que l’exposition à l’air frais la ferait se désintégrer» ?
Est-il farfelu de penser que la constante opposition au développement des langues et cultures régionales ou minorisées est orchestrée par la même « bande de petits démagogues et chauvinistes » dont fait état un prix Nobel de littérature ? Comment ne pas penser aux propos du nouveau maire de Donostia – Saint-Sebastien après que sa ville ait été désignée par l’UE capitale européenne de la culture pour 2016 en remerciant le jury pour « l »encouragement envoyé à la société basque », et promettant de montrer « à l »Europe et au monde entier le foisonnement culturel que peut provoquer une langue minoritaire ».
De cela et de bien d’autres choses sans doute, nous vous invitons à venir débattre avec des universitaires, des écrivains, des politiques.
Ils prendront part au débat dirigé par Erwan Chartier : Georges Louis Tin, Shariff Gemie, universitaires ; Yvon Olivier, juriste ; Agnès Le Brun, députée européen, Tangi Louarn, président de Kevre Breizh (fédération des associations culturelles bretonnes).