Nous avons le plaisir de présenter l’affiche de l’édition 2017 du 28ème festival du livre en Bretagne dont le thème cette année sera la Corse. La présidence d’honneur sera donc assurée par un auteur de l’île. Cette nouvelle affiche a été réalisée par Olwenn Manac’h, artiste et maquettiste d’édition basée à Spézet, habituée à travailler pour le festival.
L’organisation lui avait donné une ligne directrice pas vraiment simple à traduire dans une affiche. Nous connaissons tous les clichés qui circulent dans l’hexagone sur la Corse et son peuple… Un fait dans son histoire nous semblait bien aller à l’encontre de ces clichés réducteurs et parfois grossiers. Longtemps avant que la France ne donne le droit de vote aux femmes, en 1944 seulement, la constitution de la République Corse rédigée par le héros national Pascal Paoli donnait déjà, en 1755, le droit de vote aux femmes ! Cette constitution qui a longtemps influencé le peuple corse et qui nous dit-on le fait encore, était déjà, sur ce point précis, mais sur d’autres aussi, peut-être plus progressiste.
Olwenn Manac’h a traduit cet aspect positif de l’histoire de l’île de Beauté en féminisant l’emblème national corse, au risque peut-être de choquer quelques puristes mais avec le souci de l’esthétisme dans le message à faire passer. Le noir initial pour le visage de la tête de Maure, mais ici sur fond bleu, peut laisser penser que cette femme est de couleur. La remarque a été faite. On pourrait alors y voir un clin d’œil aux propos récents, fermes et clairs, d’un leader nationaliste corse, élu à la collectivité territoriale : « Toute idéologie raciste vient contredire formellement et de la pire des façons notre tradition ». Une tradition dit-il faite du sens de l’accueil de l’étranger, de la tolérance religieuse…
Avant tout symbole des insurgés corses contre les Génois, la tête de Maure a été adoptée comme symbole national de la Corse le 24 novembre 1762 à Corte par la jeune et éphémère République corse jusqu’à ce que l’île soit provisoirement cédée à la France par Gènes à l’issue du traité de Versailles puis conquise manu militari.