L’association des Maisons d’édition en Bretagne rassemble les maisons d’édition des cinq départements de la Bretagne qui publient à compte d’éditeur dans une des langues de Bretagne : français, breton et gallo.

3 questions à Jean-Marie Goater, président de l’association

Comment se portent votre association et le monde de l’édition en Bretagne à l’aube de 2025 ?

Aujourd’hui, notre première satisfaction est de pouvoir (encore) partager avec le public nos créations récentes à l’occasion du Festival du livre de Carhaix. Notre association, forte d’une quarantaine de maisons d’édition professionnelles des 5 départements bretons, a bénéficié d’une aide du Conseil Régional de Bretagne et a rejoint la Fedei, Fédération des éditions indépendantes, qui rassemble des associations de tous les territoires de l’État français. L’idée est de peser auprès des institutions mais aussi de faire reconnaître notre action et la variété de nos publications.

La déconcentration culturelle n’a pas eu lieu dans le domaine du livre et nous souffrons d’une hypercentralisation de la chaîne du livre, y compris dans la médiatisation de nos productions nouvelles. Et pourtant, chaque année, de nouvelles maisons d’édition se créent en Bretagne, nous accueillons aussi des maisons venues d’ailleurs qui trouvent en Bretagne à la fois un refuge et une dynamique réelle avec son tissu de librairies et de médiathèques très dense. Le soutien institutionnel nous fait aussi tenir contre vents et marées.

Il nous faut vaincre le complexe du breton, à qui on a toujours dit, que ce qui est édité en Bretagne ou écrit ou créé, sera forcément moins bien que ce qui vient de Paris. C’est faux bien sûr et on peut le constater chaque année au Festival.

L’annonce de la mise en redressement judiciaire de Coop Breizh inquiète-elle les éditeurs de Bretagne ?

En effet, de nombreux signaux négatifs nous tombent dessus et après des remous à Keit Vimp Bev, voilà un des acteurs essentiels du livre et de sa diffusion, la Coop Breizh qui subit une conjecture très difficile. Notre première pensée va bien sûr vers ses salarié.e.s qui vivent de nouveaux moments compliqués et nous espérons leur donner toute l’attention et le soutien nécessaire pour se booster afin de sortir de l’ornière. Rappelons que la faillite de l’un d’entre nous peut entraîner tous les autres dans les profondeurs. Nous avons réussi ce genre de renaissance plusieurs fois et nous allons relever ce défi une nouvelle fois grâce à la mobilisation collective. Nous espérons que toute la chaîne du livre va se mobiliser. De chaque habitant.e de notre pays jusqu’à nos institutions, syndicats, groupements, en passant bien sûr par nos magasins, librairies, bibliothèques et autres musées et centres culturels et sociaux.

L’omniprésence des écrans, notamment dans la vie des jeunes, est-elle une source d’inquiétude pour les éditeurs ?
Les facteurs des difficultés d’aujourd’hui sont multiples. Le marché du livre évolue et c’est tant mieux. Toutes les classes d’âge changent leurs pratiques. A nous, maisons d’édition de proposer des livres adaptés au public d’aujourd’hui. La littérature de l’imaginaire, la bande dessinée et les mangas, les livres sensibles et pratiques, l’édition critique, sont en plein essor.
Regardez la diversité et la variété des livres édités en Bretagne. Notre soft-power en Bretagne, notre pouvoir d’influence, c’est la culture, la diversité culturelle et nos langues, le breton et le gallo. C’est ce qui attire les investisseurs, les touristes, les amoureux. C’est ce qui rend unique notre territoire, notre pays.
Qui d’autres que nous publierons demain les créatrices, les chercheurs, les auteurs et autrices de demain, en breton, en gallo ou en français ? Sans nous, c’est une Bretagne fade et caricaturale, figée dans son imagerie folklorique, qui sera représentée.
Nous voulons révéler les Anjela et les Xavier de demain, les Loeiza, les Fañch, les Kevin, les Taylor, les Marjane, les Sofiane et les œuvres de tous les enfants de tous les quartiers et les villages de Bretagne. Aidez-nous à ouvrir les champs des possibles. En achetant des livres et en les empruntant dans les bibliothèques. 100% plaisir breton garanti.

Rencontre avec les membres de l’Association des Maisons d’Édition en Bretagne
Samedi 26 octobre à partir de 10h30 au « Klub »