Voici un quart de siècle que le Centre culturel breton Egin édite la revue Spered Gouez à l’occasion du Festival du livre en Bretagne qu’il organise à Carhaix. Il est rare, et même exceptionnel, qu’un festival permette à une revue d’exister. Souvent, lorsqu’un salon du livre referme ses portes, il ne reste que les souvenirs d’une ambiance et des contacts avec les visiteurs… et l’attente de l’édition suivante. C’est en effet la volonté d’Egin de promouvoir la création littéraire et la réflexion d’une façon durable, au-delà d’un événement.
En ouverture du n°22, Marie-Josée Christien, fondatrice et responsable de rédaction, fait un bref retour sur l’histoire de la revue et le chemin parcouru depuis la parution du premier numéro en 1991. 276 auteurs, certains connus, d’autres pour leur première apparition éditoriale, ont été publiés dans 22 numéros annuels et dans 3 ouvrages hors séries. Spered Gouez, en tant qu’éditeur, a publié un recueil de nouvelles préfacé par Yves Loisel et quelques essais politiques de Charlie Grall, et l’an dernier a créé la collection Parcours dont le premier volume est consacré à Gérard Cléry. Spered Gouez a aussi décerné cinq labels à des récitals de poésie qui ont leur place sur scène.
Spered Gouez constate que, pendant ces 25 ans, les instances du livre (à part DRAC et Région au début des années 90), qu’elles soient nationales ou régionales, ne lui ont pas accordé le moindre soutien ni le moindre intérêt. Les revues sont pourtant plus que jamais nécessaires à toute personne attentive à la vie des idées, aux arts et à la littérature. Elles expriment la diversité du monde, diversité qu’il faut préserver face à l’uniformisation et l’oubli, le bavardage ambiant et l’ignorance organisée.
Eloge de la frontière
La frontière dont il est question dans le n°22 de la revue est un lieu de rencontre et une ligne de généreux partage. Face au contrôle social sans faille de la société libérale d’aujourd’hui, elle est la condition, la reconnaissance et l’emblème de l’altérité. « Sans frontière, pas de jubilation d’aller vers l’inconnu », comme le précise Marie-Josée Christien, constatant que « l’espace intime n’existe plus » et que « la vie quotidienne devient peu à peu un vaste « open space ». »
Au sommaire du n°22
Les illustrations en couverture sont de Janladrou.
Escale : Kush et le Cloud House de San Francisco (dossier et entretien par Eve Lerner)
Avis de tempête : carte blanche à Jean-Luc Pouliquen pour un billet d’humeur
Mémoire : Yves Cosson (1919-2012), par Jean-Marie Gilory
Chroniques Sauvages, critiques et notes de lectures des collaborateurs de la revue.
Tamm-Kreiz : Michel Baglin, poète du chant des hommes et du réel (dossier de Marie-Josée Christien)
Eloge de la frontière: avec des poèmes et textes de 21 auteurs (dont 7 pour la première fois dans la revue) parmi lesquels Jean-Pierre Boulic, Mérédith Le Dez, Adeline Baldacchino, Brigitte Maillard, Pierre Perrin, Claude Serreau, Guy Allix, Jacqueline Saint-Jean et Marie-Josée Christien.
Le n°22 est en vente au prix de 16 €.
Pratique
Les 25 ans de Spered Gouez seront fêtés au Festival du livre, dimanche 30 octobre 2016 à 11 H 30, en compagnie de Marie-Josée Christien et du Centre culturel breton, des collaborateurs et auteurs présents. Pot de l’amitié, lectures de Gérard Cléry, Guy Allix, Eve Lerner et Louis Bertholom. Ouvert à tous.
Ce week-end, Spered Gouez reçoit sur son stand quelques-uns de ses chroniqueurs et auteurs qui signent leurs nouveautés : Guy Allix pour Le sang le soir, prix François-Coppée 2016 (Le nouvel Athanor) et Maman, j’ai oublié le titre de notre histoire suivi de Félix, une voix sans parole (Les Editions Sauvages, 2016), Jean Bescond avec dans sa besace quelques ouvrages d’Armand Robin dont Vingt-deux lettres inédites d’Armand Robin à Anne Caprile (Non Lieu 2016), Marie-Josée Christien, novelle lauréate du « Grand Prix international de poésie francophone », pour Quand la nuit voit le jour (jeunesse, Tertium éditions) et Entre-temps (Les Editions Sauvages, 2016), Gérard Cléry pour Parcours/Gérard Cléry (éditions Spered Gouez) et Roi nu(l) (Les Hommes sans Epaules), Charlie Grall pour Bretagne info et l’imposture de l’extrême droite et Yann-Kel Kernalegenn (1954-1976) (éditions Spered Gouez).