Cochinchine
Loïc Le Guillouzer
Résumé
Éléments biographiques
Loïc LE GUILLOUZER a 68 ans, est l’auteur et traducteur de plusieurs romans, nouvelles, chroniques et sénarios. Il a exercé le métier de professeur certifié, puis agrégé d’anglais jusqu’à sa retraite en 2007. Il a également été maire de la commune de Tregastel (22) de mars 2001 à mars 2008.
Depuis les années 60, Loïc Le Guillouzer séjourne régulièrement en Pays Karuk au nord de la Californie. Il se révèle ici dans un roman d’aventures rythmé, attachant et captivant, à cheval sur ses deux territoires de prédilection, la Bretagne et l’ouest américain. Le livre est construit autour d’une intrigue originale qui permet d’alterner réflexion, humour et émotion.
Résumé de la 4ème de couverture
« Au volant de ma voiture, je me remémorais en boucle la une du Siskiyou Daily News. Une seconde m’avait suffi pour l’imprimer à jamais dans ma mémoire, avec cette violence implacable des titres à l’américaine. Je revoyais aussi la photo de Yana dans le journal, méconnaissable ! ...... Elle regardait en arrière, l’œil hagard au travers de sa longue chevelure, encadrée par deux policiers dont on ne voyait pas le visage, simplement le badge bien en évidence sur leur chemise. Je savais déjà que je serais incapable d’ouvrir à nouveau le fichier en question, surtout pas sur mon ordinateur, avec son écran de vingt sept pouces, de quoi faire des cauchemars ! »
L’histoire : Depuis son séjour à Scott Bar en Californie du Nord, sur les traces de son ancêtre chercheur d’or, l’écrivain Pierrick Colé est à la recherche d'un nouveau souffle dans sa campagne bretonne autour d’Yffiniac. En pleine dédicace à la Foire aux Poulains de Plaintel, il reçoit un message laconique sur son smartphone, l’exhortant à retourner d’urgence chez les Indiens Karuk. De son Penthièvre natal aux grands espaces des montagnes californiennes, en passant par les maisons closes du Nevada, le jeune homme aura à cœur de mener à bien la mission particulière qui lui est confiée. Il deviendra le pivot d’une gigantesque cochinchine, ponctuée de rencontres inoubliables et d’incursions musicales sur fond de reconquête de leur autonomie par les Indiens Karuk.
Ce qu'en pense le jury...
Cochinchine : non pas cette exotique terre d’Asie dont le nom peut faire rêver mais la danse traditionnelle d’origine danoise qui fait tournoyer les danseurs dans les festou-noz. Un garçon, deux filles ou deux filles, un garçon : qui mène le bal, au-delà des figures imposées et des apparences ? C’est sur cette trame que Loïc Le Guillouzer construit son roman et guide les pas de ses personnages
Tout se passe à Yffiniac, près de Saint-Brieuc et à Scott Bar en Californie du Nord chez les Bretons et chez les Indiens Karuk. Pierrick Colé, écrivain populaire à succès mais en crise d’inspiration et en proie au doute, vit agréablement auprès de sa compagne Anjela, à la Noé d’en bas, belle propriété acquise jadis par son ancêtre, devenu Crazy Pierre, chercheur d’or en Californie du Nord au XIX e s, décédé là-bas et enterré dans la terre de ses amis Karuk. Pierrick, bien sûr, a déjà séjourné chez eux où il s’est fait de nombreux amis…
Octobre 2012 : Foire des Poulains à Plaintel. Pierrick Colé signe ses livres et participe au Fest-noz avec son groupe musical où il excelle à l’accordéon. Un appel pressant lui parvient de Californie. On a besoin de lui, de l’écrivain connu par la traduction de ses livres en américain : Yana, la présidente du Conseil de Tribu karuk vient d’être arrêtée pour meurtre. Pierrick part de suite aux USA, approuvé par Anjela.
Arrivé à Scott Bar, Pierrick est entraîné dans le rythme effréné des enquêtes et du fonctionnement de la justice à l’américaine. Très tôt, il mesure l’ambiguïté de la situation des Indiens, voire les formes de discrimination encourue par les Karuk. Il doit faire façe à l’incompréhension des Blancs américains : que vient faire en cette affaire, un Français ? Non, Pierrick le comprend très vite : pas un Français mais un Breton. Mais entre Anjela restée au pays et la belle indienne Sara en son pays, est-ce Pierrick qui mènera la danse ? Et puis, entre la Noé d’en bas et les paysages américains : quelle étrange coïncidence qui fait battre le cœur et tourner la tête, au rythme des musiques de l’être.
La force du roman de Loïc Le Guillouzer tient à la construction serrée d’une intrigue policière qui rejoint les questions politiques : égalité entre les citoyens certes, mais surtout minorité, identité qui nous renvoient à la culture en tant qu’expression profonde de l’individu, incarnation d’un peuple, d’une nation. Morvan Lebesque posait la question : « comment peut-on être Breton ? » Loïc Le Guillouzer replace l’interrogation dans son sens inversé : comment peut-on être français ou américain si l’on est aussi breton ou karuk ? Il ne s’agit ni de fracture ni de rejet mais d’exigence de reconnaissance, de dignité. L’écrivain pose de manière universelle la question de ce qu’on appelle « minorités », de leurs droits spécifiques, de leurs cultures et de leurs langues. Il rappelle aussi qu’il n’est pas de vraie culture sans ouverture à autrui. C’est ainsi que la belle histoire de Yana, de Sara, de Pierrick et d’Anjela, sans oublier Crazy Pierre, à travers des personnages attachants, nous ouvre à une réflexion très actuelle sur nous-mêmes. Roman universel et breton, Cochinchine mérite bien le Prix du roman de la Ville de Carhaix.
Yannick PELLETIER
Membre du jury du Prix du Roman de la Ville de Carhaix.
La cochinchine, comme son nom ne l’indique pas, est une danse traditionnelle d’origine danoise. Très populaire en fest-noz également, elle se danse par groupes de trois (par exemple un garçon et deux filles, ou deux garçons et une fille). Le terme est utilisé ici en tant que métaphore en référence à des personnages tiraillés entre deux partenaires ou entre deux cultures.